L’espèce humaine devra bientôt payer le prix de sa surexploitation des ressources naturelles terrestres et de la pollution. Selon le WWF, plus des deux tiers des animaux sauvages ont perdu la vie entre 1970 et 2016. Ce déclin de la biodiversité affectera aussi bien notre santé que notre économie mondiale.

La sixième extinction est bien réelle, chiffres à l’appui. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a rendu son Rapport Planète Vivante hier, un rapport bisannuel sur l’état de la biodiversité. Il conclut que “la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68%” entre 1970 et 2016. Ces pertes massives touchent “plus de 20 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons” distribuées sur toute la planète – des moineaux de France aux gorilles du Congo, en passant par les tortues luth de Guyane. Ce constat alarmant est exacerbé au niveau des tropiques, qui devraient pourtant regorger de biodiversité, avec des pertes moyennes s’approchant davantage des 89 %, notamment, l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. C’est aussi le cas des insectes selon le WWF : “En Europe occidentale et en Amérique du Nord, les programmes de suivis et les études sur le long terme révèlent une diminution extrêmement rapide, récente et continue du nombre d’insectes, de leur répartition ou de leur poids global (ou biomasse.” Et le plus inquiétant dans ces chiffres, c’est le rythme auquel ils augmentent. Selon France 24 qui relaie le document, ce déclin de biodiversité est entre cent et mille fois plus rapide que ce qui pouvait être constaté avant l’avènement de la révolution industrielle.
“Il est temps de répondre au SOS lancé par la nature. L’ignorer c’est mettre en jeu l’avenir de près de 8 milliards de personnes”, s’alarme Marco Lambertini, directeur général du WWF International. Car, bien évidemment, le principal responsable de ce déclin de la faune sauvage est l’être humain et ses activités dévastatrices : que ce soit directement par la déforestation, surexploitation des ressources par l’agriculture intensive et la surpêche, pollution plastique mais aussi indirectement par la fonte des glaces. “À ce jour, seulement un quart des terres ont échappé aux activités humaines. Un chiffre qui devrait chuter à seulement 10 % en 2050 si l’on ne change rien”, explique le WWF. Pour preuve, si le jour du dépassement de la Terre a légèrement reculé cette année, c’est surtout “grâce” à la pandémie de COVID-19 et le confinement. “La pandémie de COVID-19 doit être le signal d’alarme : changeons notre rapport au vivant et exigeons des décideurs une réelle protection de la biodiversité, maintenant”, souligne Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF France, dans le communiqué accompagnant le Rapport Planète Vivante.
La santé de l’espèce humaine dépend de la survie de la nature
Selon le WWF, cette perte massive de la biodiversité est un problème que l’espèce humaine doit impérativement relever si elle veut survivre. L’épuisement des ressources ébranlera rapidement nos modèles de production et de consommation, donc le commerce mondial et son économie. De plus, comme nous le soulignaient notamment les partisans du concept One Health en mai dernier, la destruction des environnements rapproche les espèces sauvages avec la nôtre et favorise donc la transmission “zoonotique” de maladies mortelles – comme le COVID-19. “Il est encore possible d’arrêter les pertes massives de biodiversité, à condition d’actionner tous les leviers disponibles, notamment (en réduisant) la demande d’alimentation humaine”, déclare David Leclère à France 24, principal auteur de cette étude et chercheur à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués près de Vienne. “Si nous voulons cette inversion d’ici 2050, notre étude nous dit qu’il faut agir maintenant, car les rythmes de rétablissement de la biodiversité sont beaucoup plus lents que ceux de sa destruction récente. Tout retard dans l’action entraînera de nouvelles pertes de biodiversité qui pourraient prendre des décennies à réparer.”